Madagascar, 1947 : photos du Fonds Charles Ravoajanahary
Livre
Edité par Vents d'ailleurs-[Ici & ailleurs]. La Roque-d'Anthéron ; Tsipika. [Antananarivo] - impr. 2007
Déterrer les mots, à défaut de pouvoir faire revivre les morts. Jean-Luc Raharimanana s'est attelé à cette tâche, sur son île natale de Madagascar. Une île qui a connu toutes les violences d'une colonisation fondée sur leurs négation ù à laquelle on a donné le nom dédouanant de « civilisation ». En 1947, la population s'insurge, et dit non à ce joug injustifiable. La répression sera terrible, des dizaines de milliers de morts, que l'on ne pourra même pas identifier, ni nommer. Car la stratégie de répression a été d'une perversité inouïe : détruire les lieux de vie des malgaches et les pousser à se terrer dans la forêt comme des bêtes. Les rendre plus barbares que les barbares qui les rendent tels. Soixante ans plus tard, le silence, ici comme là-bas. Mais le trauma est profond, enfoui dans tous les pores de l'île. Après l'emprisonnement de son père (une violence héritière de la violence des colonies), Jean-Luc Raharimanana a choisi l'écriture pour lutter contre cette mémoire collective trahie et détournée. Il a pris la plume comme une arme, à retourner contre elle-même : ceux qui avaient des stylos et des cahiers, dans les années 40, s'en servaient pour dresser les listes des opposants à arrêterà il en est sorti un récit impressionnant, intitulé 47, qui n'entre dans aucune catégorie littéraire.